Vis ma vie de résident Occitalia - Le témoignage de Henri Costes

Témoignage
Texte

"91 ans : le compte est bon ! C’est l’âge idéal pour découvrir et s’ouvrir à la nouveauté…"

M. Costes dans son logement au FlaugerguesMonsieur Costes a l’esprit affuté. Et le goût des bons mots. Ainsi, lorsqu’on lui demande si son nom de famille prend un "s", à la fin, il nous répond tout de go : « bien que singulier, toujours pluriel… avec un "s", donc ! » Le ton est donné. Et ce n’est pas un hasard si Henri Costes a été l’un des fers de lance de "La Gazette", le journal interne du Flaugergues, l’une des cinq Résidences Services Seniors Occitalia. Car si Henri a passé une grande partie de sa vie à manipuler les chiffres, à la banque, ce sont bien les lettres qui ont sa faveur. Portrait d’un "banquier-poète", personnage savoureux, tout droit venu de son Aveyron natal jusqu’à Montpellier, en 2017, accompagné de son épouse Colette.

"Après avoir comparé avec une autre Résidence Services Seniors, nous avons décidé de nous installer au Flaugergues, qui bénéficiait d’un très bon rapport qualité-prix"

En réalité, Colette et moi sommes venus faire un séjour découverte à Montpellier, en 2016. Mais c’était simplement pour l’expérience, pour mieux comprendre ce qu’était véritablement une Résidences Services Seniors. Nous n’avions pas planifié d’y emménager dans l’immédiat.

Alors installé dans un petit village à proximité d’Albi, en pleine nature, le couple profite de sa maison comme de son grand terrain. J’aimais beaucoup bricoler, mais aussi jardiner, tailler les arbres… C’était un vrai délassement, pour moi. Je n’avais pas du tout l’impression de travailler. Et puis, Colette et Henri sont passionnés de musique. Plus particulièrement de musique classique, mais également de ballets. Nous avions pris un abonnement au Capitole toulousain et nous faisions une sortie mensuelle en Haute-Garonne. Du coup, on suivait les concerts de toute la saison lyrique. Il y avait le théâtre, aussi…

Une retraite active, faite de complicité, de loisirs et de détente… Et puis, patatras ! En 2017, Henri subit une alerte cardiaque d’importance. Logiquement, sa famille s’inquiète. Nous nous sommes alors interrogés sur le bien-fondé de rester dans notre maison… Nous avons donc visité deux résidences, pour comparer les prestations des uns et des autres, et nous avons finalement décidé de nous installer au Flaugergues, puisque la RSS Occitalia bénéficiait d’un très bon rapport qualité-prix.

"Au niveau culturel, Montpellier est une ville où il y a beaucoup à faire. C’est aussi cela, qui nous a séduit et qui nous a donné envie d’y emménager."

M. Costes avec le livre "Durenque"Une fois installé, le couple participe à différentes animations mises en place par la résidence et Henri se montre particulièrement féru de gym douce et de yoga. Et puis, parmi toutes les richesses proposées par la ville de Montpellier, il y a le Musée Fabre. Colette et Henri s’émerveilleront ainsi devant l’exposition Picasso et toute l’offre culturelle de la capitale héraultaise… Très sensible, un peu rêveur, mais exigeant sur la forme comme sur le fond, monsieur Costes trouve ensuite le média idéal pour exprimer sa créativité et son goût pour les mots : "La Gazette du Flaugergues". Mais de l’écrit à l’oral, il n’y a souvent qu’un petit pas… Henri prend donc régulièrement la parole pour égayer les différents événements de la résidence : discours, proverbe, chansonnette ou poème, il maîtrise tous les formats ! Mais d’où lui vient ce goût pour les mots ? Cette appétence pour le verbe ?

Le poète François Fabié était proche de mes parents. Il faisait partie de la famille, puisque c’était le frère de ma grand-mère paternelle. Forcément, on m’en a beaucoup parlé et cela m’a marqué. Je possède d’ailleurs toutes ses œuvres littéraires. Et puis, nous sommes nés dans le même village aveyronnais : Durenque.

Une proximité aussi géographique que spirituelle, puisque Henri prendra la présidence de "L'Amitié François Fabié", une dizaine d’années durant. Une association dont le but est de contribuer à la connaissance et à la mémoire du poète, qui fût également le premier agrégé de Lettres modernes en France. C’est ensuite son neveu, Jean-François Costes, lui aussi écrivain, qui prendra la direction de l’association. Jean-François habite d’ailleurs à Montpellier, avec sa femme. C’est donc facile de se voir et d’échanger, puisque nous pouvons aller et venir quand on le souhaite, en Résidence Services Seniors. L’occasion de parler littérature… et de faire le plein de nouveaux livres !

"C’est grâce à la banque que j’ai rencontré la femme de ma vie : Colette ! L’Amour, c’est un bien précieux qui n’a pas de prix."

Toutefois, on ne s’explique pas vraiment pourquoi ce féru des mots est devenu banquier… En fait, mon grand frère est décédé lors d’un exercice militaire, au sortir de la deuxième guerre mondiale. Mes parents ont eu tellement de chagrin qu’ils m’ont retiré de classe pour que je reste auprès d’eux, et que je reprenne leur épicerie. J’ai, en quelque sorte, été leur "bâton de vieillesse". Mes études se sont donc interrompues en 3ème et mon avenir m’a quelque peu échappé. D’autant que je ne me sentais pas de reprendre ce commerce, ni de faire les marchés, les tournées…

C’est alors qu’une tante de Rodez le met en relation avec un ami quincaillier, qui lui conseille de s’inscrire à l’ANPE. C’était en 1955 : tout était à reconstruire, et les banques recrutaient ! Un peu par hasard, Henri postule, réussit ses tests d’entrée et débute en tant que garçon de course. Il suit parallèlement les cours du soir et, à force de travail, monte en compétence. Il devient rapidement caissier, puis est affecté au service des titres, plus tard à la direction du contrôle, où il sera en charge de l’informatique, qui en est à ses prémisses…

Et puis, surtout, lors d’une soirée organisée par sa banque, il rencontre celle qui deviendra sa femme : Colette. La femme de sa vie. Et pour un banquier, ça n’a pas de prix ! Pour autant, nul besoin de coffre-fort pour garder le bien le plus précieux, celui qu’on ne peut emprisonner : l’Amour. Colette et Henri se marient et font leur vie entre l’Aveyron et le Tarn. Plus tard, ils s’installeront au Flaugergues, en 2017, et profiteront de cette résidence pour ouvrir un nouveau chapitre de leur existence. Malheureusement, l’état de santé de Colette s’est dégradé depuis l’an passé, ce qui a nécessité un placement en EHPAD. Mais l’amour n’a pas faibli et Henri la rejoint presque quotidiennement, pour passer de longs moments avec elle.

Résident sur sa terrasse du Flaugergues, résidence services seniors à Montpellier, qui jardine"Pour bien vieillir, il faut être attentif et ouvert à tout ce qui arrive de nouveau. C’est ce que j’essaye de faire, chaque jour."

Les choses sont aujourd’hui différentes, bien sûr, mais j’ai la chance de conduire et d’avoir mon propre véhicule, stationné au sein même de la résidence. C’est franchement pratique. Je peux donc rendre visite à ma femme très souvent. Pour partager des émotions, échanger… Il y a donc la vie en EHPAD, avec Colette, et la vie en RSS. J’ai désormais moins de temps à consacrer aux activités du Flaugergues, mais j’ai la chance d’avoir un beau logement. C’est un T3 : il est grand, fonctionnel. Je m’y sens bien. Et j’ai également une petite terrasse, où je cultive mes fleurs. J’ai de beaux géraniums, des pensées et des alstrœmères. Je jardine, donc, et je profite de mon extérieur : c’est agréable.

Côté intérieur, Henri se rend régulièrement au restaurant, où il mange le midi, tandis qu’il cuisine chez lui, le soir. Il aime également faire du vélo à la salle de remise en forme, tôt le matin. Enfin, les kinés de la résidence sont aux petits soins pour monsieur Costes. Outre l’entretien musculaire et articulaire, notre résident ne dit en effet jamais "non" à un petit massage… Le personnel est sympathique, je profite des services à la personne, puisqu’une femme de ménage s’occupe de mon appartement une fois par semaine, je lis beaucoup et je regarde certaines émissions de télé. Notamment, le dimanche soir, sur Arte, où l’on parle peinture avant d’enchaîner sur un concert de musique classique. Je me suis d’ailleurs abonné à la chaîne Mezzo, afin d’en profiter un maximum…

L’esprit constamment affuté, toujours prêt à rebondir, Henri Costes se remémore alors les réflexions du philosophe Paul Ricoeur et nous les livre : les dangers du grand âge, ce sont la tristesse et l’ennui. L’obligation d’abandonner beaucoup de choses, aussi. La tristesse n’est pas totalement maitrisable, certes, mais ce qui peut être maitrisé, c’est mon consentement à la tristesse. Il ne faut pas céder là-dessus. Et la réplique à l’ennui, c’est d’être attentif et ouvert à tout ce qui arrive de nouveau. Et Henri de conclure, dans un large sourire : c’est très exactement ce que j’essaye de m’appliquer au quotidien.